Nous pensions nous diriger vers une étape tranquille et un sprint massif, mais nous avions tout faux. Plusieurs coups de bordure ont fait sensation aujourd'hui, permettant à Contador de prendre un peu plus d'une minute à Froome. Valverde, lui, a perdu toute chance de podium. Je pense qu'on se souviendra de cette étape magistrale.

Mark Cavendish, tout sourire après sa victoire du jour, reçoit son prix de combatif du jour.

Eole est passé par là

Les coups de Trafalgar n'étaient pas attendus lors de cette treizième étape. Treize est un chiffre porte-malheur et cela s'est vu, sauf pour quatorze coureurs. A cause de ces coups de bordure, on en oublierait presque que Mark Cavendish a réglé le sprint du petit groupe de tête.

Au kilomètre zéro, six coureurs s'en vont à l'avant. Deux français, Yohann Gène et Cyril Lemoine, s'échappent avec Kris Boeckmans, Przemyslaw Niemiec, Ruben Pérez et Luis Angel Maté. A 113 kilomètres de l'arrivée, Mark Cavendish et OPQS accélèrent, créant une première bordure. Thomas Voeckler, Damiano Cunego, Philippe Gilbert ou Henderson, coéquipier de Greipel, sont piégés, mais aussi Marcel Kittel. A 96 kilomètres de l'arrivée, les six échappés sont repris alors que l'écart ne cesse d'augmenter entre le peloton et les groupes de cassures. Au kilomètre 87, Alejandro Valverde crève. La malchance est de mise pour le second au général qui se fait dépanner rapidement, mais qui ne reverra plus le peloton. La formation Movistar essaie de ramener l'espagnol, mais, à cause du vent, n'y arrive pas. C'est la panique dans la team espagnole et le peloton s'éloigne au fil des mètres. Il est finalement repris par un deuxième peloton composé, entre autres, de Kittel, Bardet, une très mauvaise nouvelle pour AG2R, ou encore Thibaut Pinot. Les Movistar sont en plein désarroi et perdent du temps, tout comme Valverde est en train de perdre sa place sur le podium. Au sprint intermédiaire, c'est Greipel qui passe en tête devant Cavendish et Sagan. A une cinquantaine de kilomètre de l'arrivée, la crevaison survient au pire moment pour Pierre Rolland. Comme pour Valverde, le français se fera vite dépanner, mais n'arrivera jamais à rentrer, piégé par le vent. Belkin et OPQS décide alors d'accélérer et créent une nouvelle cassure avant que les Saxo-Tinkoff ne s'y prêtent au jeu. Et ça marche. Cinq coureurs de la formation danoise, dont Contador, creusent l'écart sur le peloton. Ils sont accompagnés par trois coureurs d'OPQS, dont Cavendish, deux coureurs de la Cannondale, dont Sagan, et les deux leaders de la formation Belkin, Mollema et Ten Dam, ainsi que Jakob Fuglsang, mais pas de Greipel, ni même de Froome. Avec les nombreux favoris présents à l'avant, les Sky essaient de se montrer, mais ne refont pas le retard qui atteint les trente secondes. Pire même, certains coéquipiers du maillot jaune se font distancer. La formation britannique montre de plus en plus ses faiblesses, prouvant aux concurrents placés devant que le Tour n'est pas joué. Ce sont les formations françaises du World Tour qui roulent à l'avant du peloton, mais l'écart ne cesse d'augmenter pour dépasser la minute. Véritable coup de Trafalgar réalisé par la Saxo qui laisse Cavendish, emmené par Chavanel, et Sagan se disputer la victoire d'étape. Le slovaque ne peut cependant rien faire face à la puissance du britannique, élu combatif du jour, car, il faut le dire, il a réussi à tenir devant malgré l'allure des équipiers de Contador. C'est sa deuxième victoire sur le Tour de France 2013, alors que Sagan, second, voit la victoire en tête du classement par points se rapprocher.

Le coup parfait

On ne peut qu'être admiratif devant le coup de bordure réalisé par la Saxo, qui passe en tête du classement par équipes. En trente kilomètre, l'équipe d'Alberto Contador a mis 1'08 au maillot jaune Chris Froome, lui prouvant qu'il n'a pas encore le Tour en poche. Mais on peut aussi féliciter Bauke Mollema et Laurens Ten Dam qui ont suivi l'espagnol, ainsi que Mark Cavendish, presque un intrus dans ces quatorze, mais qui ne voulait pas voir la victoire d'étape lui échapper. OPQS a fait le boulot pour éliminer les principaux sprinteurs hormis Sagan, et le britannique s'est contenté de suivre pour distancer Greipel. Il est l'un des grands gagnants du jour. Mollema est le nouveau dauphin de Froome et profite de la crevaison du gros perdant du jour, Alejandro Valverde, arrivé à 9'54 de Cavendish, qui a perdu tout espoir de podium à cause de cette crevaison. C'est cruel, mais le Tour n'a pas de pitié. Le vent, lui, avantage les audacieux plus que les "bien au chaud". Froome s'est encore une fois retrouvé esseulé, et il sait que ses concurrents ne lui feront pas (plus) de cadeaux la semaine prochaine.

Classements:

Classement général: 1. Christopher Froome (GBR, Sky); 2. Bauke Mollema (HOL, Belkin); 3. Alberto Contador (ESP, Saxo-Tinkoff); 4. Roman Kreuziger (RTC, Saxo-Tinkoff); 5. Laurens Ten Dam (HOL, Belkin).

Maillot jaune: Froome avait assez de marge pour laisser une minute à Contador, Mollema ou Ten Dam. Mais il sait qu'il faudra plus pour aller remporter ce Tour de France. La troisième semaine s'annonce très compliquée. Ses concurrents, grâce à cette échappée monumentale, ont repris du poil de la bête, pour l'attaquer prochainement.

Maillot vert: Peter Sagan semble se diriger tout droit vers un deuxième maillot vert d'affilée. Le slovaque a profité du coup de bordure pour laisser Greipel sur le trottoir. Cavendish l'a devancé, mais sa deuxième place lui permet de conforter un peu plus son avance en tête du classement par points.

Maillot à pois rouges: Pierre Rolland sait ce qui l'attend. Au classement général, il a déjà perdu tout espoir, et il ne lui reste plus qu'à sauver son maillot de meilleur grimpeur.

Maillot blanc: Michal Kwiatkowski conserve son maillot blanc. Avec l'équipe OPQS, il a bien participé aux différentes cassures. Au finale, cela a payé car Cavendish a remporté l'étape du jour.

Demain:

Le peloton aura droit à une étape accidentée demain et Peter Sagan pourrait officialiser son maillot vert. Le slovaque aura devant lui un parcours qu'il apprécie et des côtes à grimper. Une deuxième victoire d'étape ne serait pas de refus pour lui. Au programme, quatre côtes de catégorie quatre et deux côtes de troisième catégorie. Certaines cuisses vont grincer, et les coureurs arriveront dans la capitale française de la gastronomie: Lyon. A demain !

Nico