Dimanche soir, Alberto Contador a remporté le Tour d'Espagne après trois semaines de course qu'il a parfaitement su maîtriser. Après son abandon sur le dernier Tour de France, cette victoire relève du miracle mais vient aussi du coeur. De leur côté, les français ont brillé, John Degenkolb aussi.

Contador était imbattable

Qu'il est beau ce sourire à l'arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle ! Lors de ce contre-la-montre final sans importance enlevé par l'italien Adriano Malori (Movistar), Alberto Contador a pu savourer sa victoire pleine de panache acquise alors qu'il n'était pas le grand favori annoncé à Jérez de la Frontera, au moment du départ de cette 69ème Vuelta. Non, au départ, tout le monde pensait à Nairo Quintana mais le tournant a eu lieu le 2 septembre dernier lors du seul chrono individuel d'enjeu de ce Tour d'Espagne 2014. Une chute spectaculaire voit le colombien de la Movistar perdre tout espoir de maillot rouge et une deuxième chute l'obligera à abandonner le lendemain. A ce moment-là, Contador a déjà pris le maillot rouge, la veille de l'abandon de Nairo Quintana. Il ne le sait peut-être pas encore mais personne n'arrivera à le lui reprendre. En montagne, les adversaires de "El Pistolero" essaieront bien d'attaquer à tout-va, en vain, celui-ci était beaucoup trop fort et déterminé pour être battu. Vainqueur des 16ème et 20ème étapes en déposant Froome dans le dernier kilomètre à chaque fois, Contador a écrasé cette Vuelta, la troisième qu'il remporte dans sa carrière après ses sacres de 2008 et 2012. Après son abandon sur le Tour de France 2014, il avait même annoncé qu'il ne prendrait pas le départ de "son" Tour avant de se raviser. Avec un mental d'acier et des jambes de feu, Alberto Contador a triomphé et peut-être qu'il n'y avait que lui pour croire qu'il pourrait s'imposer à Saint-Jacques-de-Compostelle, peut-être que lui qui avait raison d'y croire.

Une hiérarchie bousculée

On se souvient tous de la saison 2013, à oublier pour Contador, où Froome et la Sky dominaient le peloton. Mais cette année, cela a changé. Aucun coureur de la Sky ne figurait sur un podium d'un grand tour avant cette Vuelta et Froome, après avoir lui aussi abandonné sur le Tour de France un mois après sa prestation décevante sur le Critérium du Dauphiné Libéré, n'a pu rivaliser avec Contador. Ses accélérations puissantes ne font plus autant de dégâts qu'avant et elle sont maintenant parfaitement lisibles par un coureur comme "El Pistolero" qui a réussi à s'accrocher à sa roue constamment avant de lâcher le britannique. Néanmoins, "Froomey" peut se consoler après une belle deuxième place, surtout après les chutes et les déboires qu'il a connus depuis le début de la saison en janvier dernier. C'est qu'il en a mis du temps pour mettre la machine en route, mais plus fort sur la fin des trois semaines de course, Froome a réussi à prendre la place de dauphin à Valverde qui, après sa quatrième place sur le Tour de France, complète le podium de la Vuelta. Derrière, Joaquin Rodriguez termine quatrième et reste toujours muet sur les grands tours où il collectionne les places d'honneur. Pour compléter le top 5, on a la révélation de l'année, Fabio Aru, troisième du Giro et donc cinquième de la Vuelta où il a enlevé deux étapes non sans panache. A noter que Dani Navarro, qui avait six secondes d'avance sur Damiano Caruso avant le chrono final, a rétrogradé au dixième rang au profit de l'italien. La Cofidis peut tout de même se satisfaire de ce top 10 et du bouquet de l'espagnol ramené au soir de la neuvième étape qui arrivent au bon moment alors qu'une place WT se libère après la fusion entre la Garmin-Sharp et la Cannondale. Au classement WT justement, Alberto Contador occupe la première place qu'il reprend à Alejandro Valverde.

John Degenkolb s'est bien amusé

Le Tour d'Espagne, c'est son jardin ! En trois participations, John Degenkolb a remporté neuf étapes, cinq en 2012 et quatre cette année. S'il fait face à une rude concurrence pour la place de leader sur le Tour de France toujours occupée par Marcel Kittel, il est libre sur la Vuelta et en profite bien. Cette année, l'arrivée à maturité de Nacer Bouhanni lui a fait un peu de mal sachant que le français l'a battu deux fois. Mais l'allemand de la Giant-Shimano reste le maître incontestable du sprint sur la Vuelta et remporte le maillot vert du classement par points. Il l'a prouvé cette année et quand Degenkolb est aussi à l'aise qu'en Espagne, il peut faire mal. Son objectif maintenant ? Remporter une grande classique flandrienne telles que Paris-Roubaix, où il a pris la deuxième place cette année, ou le Tour des Flandres. Cette saison, il en est à neuf victoires dont Gand-Wevelgem. Parmi les déceptions, Peter Sagan qui a été transparent, venant sur les routes espagnoles pour affiner sa forme avant les championnats du monde de Ponferrada. Justement, les australiens auront une belle armada pour ces Mondiaux. Michael Matthews est en forme cette saison. Après avoir brillé sur le Giro où il avait porté le maillot rose plusieurs jours, il a récidivé sur la Vuelta en s'imposant lors de la troisième étape pour prendre le maillot rouge. Avec Simon Gerrans, auteur d'un doublé sur les classiques canadiennes, il sera le fer de lance d'une sélection australienne plus forte que jamais.

Les français confirment

Après le Tour de France 2014 où Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot avaient pris respectivement les deuxième et troisième places, les français ont confirmé sur la Vuelta. Si Thibaut Pinot, malade, a dû abandonner, Warren Bargui, lui, continue de progresser. Alors qu'en 2013 il avait privilégié les bouquets pour en prendre deux, cette année, il avait décidé de jouer le classement général. Et ce fut aussi une réussite avec un top 10 pour le français et la huitième place, celle du premier français de ce 69ème Tour d'Espagne. Peu après, Romain Sicard a lui aussi réussi son objectif en terminant à une très belle treizième place alors que son objectif était le top 20. Le team Europcar s'est donc montré plutôt à son aise sur les trois grands tours. Nacer Bouhanni, lui, s'est occupé des victoires d'étape. Les français ont donc gagné au moins une fois sur chaque grand tour et si cinq des sept bouquets tricolores viennent de Bouhanni, nous pouvons nous satisfaire d'avoir une belle génération de sprinters. Alors que les Mondiaux approchent, la sélection française s'est dessinée peu après cette Vuelta. Warren Barguil et Nacer Bouhanni en font partie mais la France pourra aussi compter sur Kévin Réza, Cyril Gautier, Tony Gallopin, Romain Bardet, Sylvain Chavanel, Jean-Christophe Péraud et Geoffrey Soupe pour la course en ligne des Mondiaux. De quoi avoir l'une des meilleures équipes sur le papier avant de confirmer sur la route.

Dans les autres classements distinctifs, Luis Leon Sanchez a remporté celui de la montagne, la Katusha a terminé meilleure équipe alors que Contador a fait coup double en enlevant le classement du combiné.

Classements:

Classement général: 1. Alberto Contador (ESP; Tinkoff-Saxo); 2. Christopher Froome (GBR, Team Sky); 3. Alejandro Valverde (ESP; Movistar); 4. Joaquin Rodriguez (ESP, Katusha Team); 5. Fabio Aru (ITA, Astana Pro Team); 6. Samuel Sanchez (ESP, BMC Racing Team); 7. Daniel Martin (IRL, Garmin-Sharp); 8. Warren Barguil (FRA, Giant-Shimano); 9. Damiano Caruso (ITA, Cannondale); 10. Dani Navarro (Cofidis).

Maillot rouge: Alberto Contador

Maillot vert: John Degenkolb

Maillot à pois bleus: Luis Leon Sanchez

Maillot blanc (combiné): Alberto Contador

Meilleure équipe: Katusha Team

Je tiens à vous remercier pour votre fidélité durant cette Vuelta 2014 et je vous dis à très bientôt pour les championnats du monde 2014 de Ponferrada, en Espagne.

Source photos (lavuelta.com; francetvsport.fr; Page Facebook Team Giant-Shimano; Page Facebook Warren Barguil)

Nico