Depuis le début du Tour de Romandie 2015, on ne voit qu'eux à l'exception du contre-la-montre par équipes inaugural. Après le doublé d'Albasini, le jeune Küng a fait parler son talent aujourd'hui en l'emportant en solitaire.

"Alba" et Küng, treize ans d'écart

Le premier a 34 ans et le second, 21 ans, mais tous deux ont prouvé que les épreuves suisses importantes du calendrier cycliste international se font rares et que la réforme prévoit de supprimer du calendrier WT le Tour de Romandie. Il ne restera donc plus que le Tour de Suisse en première division et les possibilités de se montrer à la maison, peu nombreuses. Les suisses ont donc compris qu'il fallait profiter de la moindre occasion. Si la première étape n'a laissé que peu de suspens avec un Team Sky dévastateur qui a permis à Geraint Thomas de prendre le maillot jaune pour 63 centièmes sur Orica-GreenEdge, la seconde a offert un sprint entre puncheurs. Bien emmené par Tony Martin et Rigoberto Uran en personne, preuve de son statut de protégé au sein d'Etixx-Quick Step, Julian Alaphilippe s'est laissé débordé dans le final, preuve aussi qu'il a encore de l'expérience à acquérir, et Michael Albasini, seul, a réussi à s'imposer en costaud devant Jarlinson Pantano et Alaphilippe. Maillot jaune sur les épaules après la défaillance de Thomas la veille, le suisse d'Orica a remis ça lors de la troisième étape, hier, toujours au sprint. L'échappée reprise, les puncheurs ayant la meilleure pointe de vitesse se sont activés mais rien à faire, Michael Albasini, "Alba" pour les intimes, a encore une fois fait parler sa pointe de vitesse. A 34 ans, après ses trois victoires d'étapes l'an dernier, le suisse prouve qu'il n'est pas rongé et devance Julian Alaphilippe, à qui il ne manque pas grand chose pour remporter une première victoire en WT. Seul la veille, porté par Gerrans hier, il n'a laissé aucune chance à ses concurrents et Damiano Caruso a complété le podium. Aujourd'hui, pas de sprint au terme d'une étape vallonnée où il faisait bon d'attaquer. Si la pluie s'est faite constante sur le parcours de cette quatrième étape, quatre courageux coureurs ont marqué le scénario de la course, quatre coureurs issus de l'échappée matinale, alors que le peloton a longuement tenu l'écart sur ce quatuor. Parmi ces quatre coureurs, Jan Bakelants, Bertjan Lindeman, Pavel Kochetkov et Stefan Küng, désigné par Fabian Cancellara lui-même comme son digne héritier. A 21 ans, il faut dire que le suisse n'a pas froid aux yeux alors que son DS chez BMC, Yvon Ledanois, lui avait dit d'en "placer une" alors qu'il était encore au sommet du col de Sorens. Ce n'est que dans la dernière difficulté du jour qu'il a laissé ses compagnons d'échappée sur le bord de la route en attaquant pour aller chercher le bouquet du jour. Le peloton n'a pas été assez réactif et n'a même pas réussi à rattraper Bakelants, deuxième, et Lindeman, troisième, alors que Kochetkov avait levé le pied. Après un peu moins de 25 kilomètres en solitaire, le pistard suisse a levé les bras à Fribourg. Trois étapes en ligne, trois victoires suisses mais demain, la donne va être changée et Albasini devrait perdre son maillot jaune.

La montagne, la vraie !

Après trois étapes en ligne plutôt vallonnées, la grande montagne va faire son apparition dès demain et les nombreux postulants à la victoire finale vont se montrer, entre autres, les Froome, Quintana, Spilak ou encore Pinot et Péraud. Entre Fribourg et le Lac de Champex, le peloton aura droit à 166 kilomètres où le plat se fera rare. Après un début d'étape en légère montée, les équipes qui jouent le général commenceront à se montrer dans le col des Mosses avant d'accélérer le tempo dans les Giettes. Ce n'est que dans la Petite Forclaz que les premières attaques devraient avoir lieu avant une rapide descente pour rallier la dernière ascension du jour, la montée finale qui emmènera les coureurs vers le Lac de Champex. Les purs grimpeurs voudront sûrement prendre du temps sur un Christopher Froome notamment en vue du contre-la-montre final à Lausanne. Il reste deux étapes, mais le Tour de Romandie n'a pas dit son dernier mot.

Source photos (lequipe.fr; @SwarAgency)

Nico